Ce texte est une synthèse du stage FSU PACA sur le syndicalisme (16 et 17 février 2012).

Stage FSU PACA

Le syndicalisme : quel avenir ?

16 et 17 février – Aix en Provence



A un an du congrès national, la FSU PACA a organisé un stage régional sur l’avenir du syndicalisme.

Ce stage était destiné au premier cercle des militants du CFR, des sections départementales et des syndicats nationaux de la région. La plupart des syndicats étaient représentés et la participation active des non enseignants, (notamment de Pôle emploi, du ministère du travail, d’EPA ou de la territoriale) a permis de mieux cerner les éléments du débat.

Bernadette Groison, Gérard Aschiéri, Pierre Toussenel, Laurent Frajerman (historien), Jean-Marie Pernot (chercheur à l’IRES), Daniel Rallet (Institut de la FSU) ont introduit les débats.

Leurs interventions sont mises sur le site ou s’y trouveront dès que possible

Cette synthèse tente de dégager les points principaux des débats. Elle n’est donc pas un résumé linéaire. Nous avons tenté à partir des échanges, des différentes postures, dont celles du syndicaliste et du chercheur, des débats entre militants, de dégager quelques idées forces qui pourraient utilement alimenter notre réflexion collective.

Se poser et réfléchir ensemble à l’avenir du syndicalisme et de la FSU, voilà une excellente réponse à ceux qui à raison d’une « idée nouvelle par jour » voudraient nous acculer à la seule défensive, donc à la paralysie.

1/ Un risque guette le syndicalisme : l’immobilisme.



Nous avons eu dans la posture défensive une relative efficacité : en France notamment, le projet libéral n’a pu avancer aussi loin que désiré (cf par exemple la diminution des dépenses publiques : ils ont bien réussi à assécher volontairement les recettes, alors qu’ils n’arrivaient pas vraiment à diminuer la dépense…).

Mais les lignes bougent : les libéraux ont lancé de façon concertée, notamment au niveau européen, la stratégie du choc, en utilisant la crise comme levier pour accélérer (radicaliser) les « réformes » refusées par les peuples (le « consensus de Bruxelles » prenant le relais du « consensus de Washington », pourrait-on dire). Or ces « réformes » touchent tous les domaines : économique, social et politique. Pourtant, rien n’est gagné pour « eux » car une crise ouvre des perspectives nouvelles, que nous pouvons, devons saisir : ce sont autant de portes à ouvrir.

Pour avancer, il faut prendre en compte quelques réalités.



- Nous venons tous du monde ancien (syndicats mais également associations), et il est difficile, quand l’ancien se meurt, de penser le nouveau…

- La crise du syndicalisme dure depuis longtemps : le syndicalisme ne représente plus tout le salariat ( cf les services, les précaires, l’intérim…). Par exemple le syndicalisme allemand a un réel pouvoir (co-détermination) mais il ne représente qu’une partie des salariés : l’industrie et non les services ; de plus, avec l’application des lois Hartz, la forte précarité, les salaires de misère (pas de SMIC en Allemagne), les inégalités… se sont fortement accrus.

- L’institutionnalisation du syndicalisme guette : elle présente le risque de se couper du terrain quand on sait que le taux de syndicalisation est en France de 5% dans le privé, et de 0% dans bien des TPE.
- Un signe inquiétant est la position d’extériorité du syndicalisme par rapport aux salariés. Le syndicalisme et son rôle sont plébiscités par les salariés, mais les salariés n’adhèrent pas à un syndicat. La question du renouvellement des générations aussi se pose dans tous les syndicats.

Les syndicats sont présents dans plus d’entreprises en France aujourd’hui qu’hier, mais avec un nombre de syndiqués qui diminue depuis des années : alors les équipes militantes sont réduites et le syndicat est moins efficace. A la question : pourquoi n’êtes-vous pas syndiqué ?, les salariés répondent : 1- par peur de représailles (surtout dans le privé) ; 2- la division syndicale. Mais dans le même temps, ils plébiscitent dans les entreprises le pluralisme syndical.

Observons tout ce qui change, tout ce qui bouge et essayons de saisir les tendances profondes des sociétés : le nouveau qui émerge sous l’ancien.

2/ Une crise du politique et de la démocratie, un nouveau rôle pour le syndicalisme

Les politiques néolibérales reposent sur le principe qu’il n’y a pas d’alternative (Thatcher, TINA : there is no alternative), ce qui dépolitise le débat. La démocratie, en particulier la démocratie représentative, est fragilisée, et même invalidée : ce qui se passe en Grèce est très éclairant. Demander son avis au peuple (référendum) fut aussitôt déclaré incongrue, impossible ; aujourd’hui, le club des « AAA » européen a imposé un engagement signé par le gouvernement grec de respecter le plan d’austérité quel que soit le résultat des élections d’avril. Il ne reste plus, on le voit, qu’à supprimer les élections.

Comment reprendre la main ?

Face à la crise, trois issues possibles :

- Les gouvernements technocrates continuent à appliquer la ligne libérale, ce qui ne peut que conduire à l’impasse sur le plan économique et donc à l’échec (et à la révolte sociale).

- La ligne autoritaire et xénophobe (Guéant) : on sait ce qui s’est passé en Europe, précisément, à la faveur de la crise de 1929…

- Celle qui pourrait être la nôtre mais qui reste à inventer. Il y faut des mesures urgentes à prendre pour stopper la spirale infernale de la dette et de l’austérité, et donc des mobilisations collectives. Mais il faut dans le même temps ouvrir des utopies : un nouveau système est à inventer. Soit une voie qui oblige le syndicalisme à questionner fortement son rôle et son positionnement. Sans pour autant remplacer les partis politiques, naturellement.

Syndicalisme et politique

La démocratie politique est en crise, notamment parce que les partis politiques sont des partis d’élus, sans relais ancrés dans la société, ce qui ne favorise pas l’émergence de projets alternatifs.

Aussi les syndicats sont-ils confrontés directement à la question politique.

Le rôle du syndicat ne se limite plus à la question des salaires et à l’obtention de protections sociales. L’avenir du syndicalisme, c’est au fond sa capacité à proposer un nouveau contrat social, qui placerait la démocratie sociale comme élément structurant et incontournable de la démocratie politique, dans la perspective d’une société plus juste, dans le cadre de la transition écologique. C’est sa capacité et sa légitimité à participer à la construction à l’intérêt général (c’est au fond cela construire du fédéral/confédéral : comment le faire démocratiquement ?)

3/ Ce qui bouge montre l’aspiration forte à une véritable démocratie

Malgré tout leur arsenal sophistiqué, les dictatures s’effondrent, ou ont du mal à contenir les mouvements démocratiques (les pays arabes, mais d’autres aussi). L’aspiration à une forme de démocratie « directe » est forte, partout.

Le mouvement des indignés, qui n’est pas en soi un « modèle » de contestation et d’organisation, révèle assez bien ces aspirations profondes.

Il accompagne un réveil des peuples et une re-politisation des sociétés. Citons quelques caractéristiques fortes :

 – Volonté de reconquête de l’espace public et de la démocratie

 – Désir d’égalité face à une société inégalitaire et fragmentée (il veut porter le monde commun des 99%)

 – Désir d’unité

 – La jeunesse en a le leadership

 – Le mouvement est citoyen et pas seulement social

 – Formes de mobilisation et de manifestations nouvelles, plus horizontales (sans leader, méfiance des organisations quelles qu’elles soient…)

Un chantier à ouvrir : la question du travail

Les réformes managériales (privé puis public) sont imposées du haut vers le bas, ce qui entraîne désarroi, impuissance et mal-être au travail. Le syndicalisme doit se positionner aux côtés des salariés pour les aider à redevenir des acteurs du travail et à mobiliser leur « pouvoir d’agir ». Il faut donc sortir le salarié de la position de « victime », celle directement induite par les caractérisations de « souffrance au travail », ou celle des RPS (Risques psycho sociaux) tels qu’ils sont définis. En effet, ce n’est pas le travailleur qu’il faut soigner, mais le travail qu’il faut changer (Y. Clot).

La CGT a tiré la leçon des évolutions à France télécom ou à EDF : des discours trop généraux sur la privatisation, pas assez de prise en compte de l’évolution des conditions de travail au quotidien.

Il y a une volonté à la fois de pouvoir s’exprimer et retrouver de la démocratie, y compris dans le travail et son organisation (donc dans l’entreprise). C’est tout le challenge du chantier travail, que nous avons à peine commencé, et qu’il nous faut amplifier dans nos syndicats. Sinon, les salariés ne nous entendront plus.

La question des retraites

Il ne faut pas oublier sur ce dossier essentiel le devenir des retraites des jeunes, des femmes, des précaires : à ne pas traiter ces questions, le syndicalisme se déconsidèrerait.

4/ Quelques aspects structurants pour le syndicalisme aujourd’hui

La dimension européenne est devenue essentielle

On note que le Sud pose un problème de « gouvernance », car il ne faut pas parler de démocratie. Les choses se décident désormais à Bruxelles.

La CES est ce que ses affiliés en font. Aujourd’hui, les pays nordiques, Allemagne, Italie, Angleterre sont ceux qui « tiennent » la CES, et, au fond, ils se neutralisent. La France, qui n’y parle pas d’une seule voix, dont le pôle de référence est les mouvements sociaux et non la négociation en premier lieu est dès lors invalidée.

« Pour être forts chez soi, il faut être forts en Europe ». Comment le syndicalisme français peut-il répondre à ce défi ?

La question de la représentativité – privé

L’ancien système avait été conçu pour diviser le syndicalisme afin de contourner la puissance de la CGT.

Le nombre des OS va se réduire : ne restera-t-il que CFDT et CGT comme celles-ci ont pu le penser ? Cela supposerait qu’elles soient en capacité de devenir de véritables structures d’accueil et de s’ouvrir à d’autres traditions, ce qui n’a rien d’évident.

L’UNSA cherche un toit : la CFDT ; la CFTC ne débat pas de ce sujet ; la CGC a ses jours comptés mais se maintient (avantage catégoriel conféré par la loi) ; fondera-t-elle une troisième confédération ? FO peut être un élément perturbateur (elle fait partie du haut conseil chargé d’évaluer la mise en place de la loi qu’elle utilise comme tribune pour la dénoncer). Solidaires se centre sur elle-même et cherche à se consolider.

Ce système de représentativité, qui n’épargnera ni la CGT ni la CFDT, oblige les OS à envisager des alliances. Quelle que soit la nouvelle organisation et le nombre d’OS qui subsistera, l’important est combien de syndiqué y aura-t-il au final ?

La pire des solutions serait 2 ou 3 confédérations « au sommet » et un manteau d’arlequin (une multitude de syndicats) dans les entreprises, ce qui participerait à leur balkanisation.

Le danger : enfermer le syndicalisme dans l’entreprise

Le mouvement est bien avancé dans tous les pays. En France, il a commencé avec les lois Auroux (1982). Or, il n’y a pas besoin de confédération pour faire de la défense des personnels dans l’entreprise : les syndicats d’entreprise (Japon, USA) peuvent tenir ce rôle. Quand les syndicats arrivent à obtenir des accords de branche, il y a des retombées dans toutes les entreprises. Par ailleurs, si la négociation se limite à l’entreprise, la confédération n’a aucune visibilité sur la réalité de terrain. Ce mouvement est déjà en cours : le patronat peut échapper aux normes sociales (conventions collectives et droit du travail) à travers des négociations par entreprise (aggravé en 2004, et par les dernières dispositions de Sarkozy). Il s’agit pour le patronat de négocier des dérogations au droit du travail et donc d’inverser la hiérarchie des normes. Avec le dernier projet Sarkozy, même le contrat de travail tombe. Si les négociations ne se déroulent plus que dans les seules entreprises, il est impossible de produire de la solidarité.

En fait « c’est quand on sort de l’entreprise » qu’on fait du syndicalisme ; c’est-à-dire quand on s’ouvre sur les autres, la société, et qu’on témoigne du principe de solidarité avec « le reste du monde ». Ex : les militants historiques de la CGT à l’arsenal de Toulon qui ont longtemps défendu corps et âme leurs intérêts catégoriels ignorant complètement la situation parfois dramatique des salariés des innombrables sous-traitants venant travailler dans l’enceinte…

5/ L’identité de la FSU

La FSU est issue de la FEN, et sa fondation en 1993, fait le choix de l’autonomie pour préserver une force syndicale et l’unité des personnels ; il s’agit d’une autonomie transitoire, l’objectif restant, comme pour la FEN en 1948, l’unification du syndicalisme.

La FSU met au premier plan la démocratie syndicale : s’appuyer en permanence sur les syndiqués, favoriser le pluralisme en son sein, et en conséquence, elle vote des statuts qui obligent la recherche de la synthèse, soit une orientation qui tranche fortement avec celle de la FEN. Il s’agit aussi de construire du fédéral à l’opposé de la FEN, travail qui avait été largement commencé entre le SNES, le SNEP, les syndicats du Supérieur et les minoritaires UA du SNI- PEGC sur la formation des maîtres par exemple. Enfin, dès l’origine, la FSU rappelle son souci d’œuvrer à l’unification du mouvement syndical, ce qui passe par un renforcement de la FSU.

La FSU devient dès 1996 la première fédération de la FPE, le SNUipp nouvellement créé devient dès 1993 premier dans son champ, le SNES et le SNEP confirment leur position. Mais la FSU est plus petite que la FEN, le nombre d’adhérents y est moindre ; elle est concurrencée par l’UNSA soutenue ouvertement par le parti socialiste. Elle se heurte à l’hostilité déclarée des pouvoirs publics. Ainsi, si le gouvernement a dû accepter son entrée au conseil supérieur de la fonction publique de l’Etat, dans le même temps, répondant à une demande commune de FO et CFDT (et un « nihil obstat » des autres), il a édicté de nouvelles règles visant à limiter notre place dans ce conseil et à nous empêcher de nous étendre (le fameux amendement Perben)

Mais la FSU est dynamique. En 1995, elle apparaît comme un élément important du paysage interprofessionnel où elle fait son entrée, et au sein du mouvement social. Très vite, elle se positionne comme force de propositions et dès son congrès de 1997, elle formule des alternatives économiques et sociales, disputant aux partis politiques le monopole de l’intérêt général.

L’élargissement de la FSU s’effectue après 1995 (syndicat CFDT de l’ANPE devenu le Snu-pôle emploi puis après 2003, d’autres syndicats issus de la CFDT. Ces demandes obligeaient la FSU à élargir son champ de syndicalisation à l’ensemble de la fonction publique, ce qui provoqua un sérieux débat au congrès de Perpignan (2005), cet élargissement apparaissant à certains comme contradictoire avec le projet initial de la FSU et suscitant le soupçon d’une création subreptice d’une nouvelle confédération. En fait il ne s’agissait de rien d’autre que de la poursuite de cet équilibre dialectique et dynamique entre consolidation et recherche de modalités nouvelles d’unification. Il fallait aussi accueillir les personnels nouvellement décentralisés.

6/ Quel avenir pour la FSU ?

L’état des lieux

Le Congrès de Lille a choisi d’avancer vers l’unification du mouvement syndical, et donc de dépasser l’autonomie. La FSU entend contribuer activement à construire un « nouvel outil syndical », dans un processus qui n’est ni une fusion, ni une absorption, et qui passe par son renforcement.

Elle propose à toutes les organisations syndicales d’en débattre, mais seules CGT et Solidaires ont répondu à cet appel. Le travail commun a été engagé (colloques) mais l’idée de faire des groupes de travail pour réfléchir à l’évolution du paysage syndical n’a pas beaucoup avancé.

Solidaires réfléchit plutôt à son développement, et les choses sont compliquées avec la CGT. Il nous faut mettre en avant notre projet : un syndicalisme de transformation sociale, de masse et qui pèse (ie qui gagne) pas uniquement de contestation, pour mieux fonder notre volonté d’unification.

Table-ronde des organisations syndicales au niveau régional (à l’issue du débat sur l’avenir de la FSU).

CGT, CFDT et Solidaires ont répondu présents. Solidaires confirme le recentrage sur son propre devenir. La CFDT développe l’idée des deux pôles du syndicalisme, prévoit à terme la survie de 2 à 3 confédérations, observe qu’il est difficile – impossible ?- de faire vivre une vraie démocratie syndicale sur fond de pluralisme. La CGT récuse le terme de radicalité et rappelle les objectifs du syndicalisme : rassembler, mobiliser, obtenir des avancées.

Il est difficile dans le débat d’aller au-delà de l’unité d’action. Il y a peu de réponses aux propositions concrètes faites par la FSU : travailler ensemble sur les dossiers régionaux sur lesquels nous intervenons tous et en général en convergence dans le cadre des instances régionales sur les thèmes de la formation/emploi, ou de l’aménagement du territoire ou de l’emploi des jeunes.

Il y a un accord timide néanmoins pour prendre le temps de débattre sur le fond, d’aller au-delà de l’unité d’action… à suivre donc.

Les éléments du débat

• Il faut franchir le pas, et effectivement dépasser l’autonomie, comme nous l’avons voté à Lille.

• La FSU doit continuer à s’adresser à toutes les OS sans exclusive, dans le cadre de l’unité d’action, mais aussi dans le cadre du processus d’unification que nous souhaitons, afin d’inventer ensemble, avec d’autres, un « outil syndical nouveau » dont le salariat, mais aussi la démocratie ont urgemment besoin.

• L’urgence du débat à l’interne de la fédération et de ses syndicats

A observer les positionnements assez disparates des syndicats de la fédération, l’urgence semble bien être de débattre de cette question sereinement à tous les niveaux pour avancer ensemble.

Ainsi le choix fait par le SNES est de travailler cette question dans ses congrès, mais son mandat n’est nullement contradictoire avec celui de la fédération : il va un peu plus loin, puisque, pour le SNES, le nouvel outil syndical ne peut exister sans la CGT. Mais dans le cadre d’un processus qui s’adresse à tous sans exclusive.

• Y a-t-il urgence à l’unification ?

La question ne peut être ainsi posée : personne ne peut prévoir quand et comment les choses peuvent se passer. Le processus « abouti » (le syndicalisme est unifié) peut prendre du temps ; l’histoire a aussi montré qu’il peut s’accélérer rapidement à la faveur d’évolutions fortes dans le domaine social et politique (cf la réunification des deux CGT en 1935-36).

Mais il y a pourtant des urgences pour le syndicalisme : celles de porter des réponses alternatives à la crise financière et aux politiques budgétaires, un nouveau contrat social au fond, ce qui suppose de travailler rapidement à l’interne et dans l’intersyndicale ces questions (points 1, 2 et 3). Approfondir ces questions, construire l’unité, produire du commun entre organisations syndicales (publications par exemple) doit être une priorité, qui nous fera avancer dans le cadre du processus que nous souhaitons.

L’urgence est aussi d’impulser le débat sur ces questions avec les syndiqués tout comme à l’intérieur de nos structures fédérales et syndicales, bien plus largement que ce qui a été fait jusqu’à présent.

• Processus d’unification et identité de la FSU

Ce processus signifie-t-il l’abandon de l’identité de la FSU ? Certainement pas, et aucun syndicat de la fédération ne porte un tel projet. La FSU est une fédération de syndicats nationaux, fondée sur un syndicalisme de métier et nous entendons le rester. Il nous faut par contre ensemble se donner les moyens de construire du fédéral, mais démocratiquement, à partir du syndicalisme de métier (article 2 des statuts).

Nous ne souhaitons pas un processus d’absorption ou de fusion, précisément pour préserver cette identité et en particulier un syndicalisme de transformation sociale, démocratique dans son fonctionnement, en capacité de représenter tout le salariat, de porter des alternatives notamment dans les domaines économiques et sociaux, et donc de participer à la construction de l’intérêt général.

Notons qu’il s’agit forcément aussi pour le syndicalisme, et singulièrement la FSU, d’intervenir sur l’Etat, sur la question aujourd’hui centrale des politiques publiques, de leur périmètre, du niveau adéquat de décision : l’Etat national, l’Etat décentralisé, le niveau européen… avec à la clé quels services publics, quelle fonction publique.



• Renforcer la FSU, une nécessité pour avancer.

Cela passe par un fonctionnement amélioré, et le fait de trouver ensemble les voies pour articuler véritablement le fédéral et le syndical, dépasser ainsi les difficultés telles qu’elles ont pu apparaître dans la période récente (campagne des élections professionnelles, ou divergences revendicatives entre syndicats).

Il s’agit également de se mettre en ordre de marche pour les élections de 2014, notamment pour la fonction publique territoriale, où il y a aujourd’hui 2 syndicats au sein de la FSU.

Renforcer la FSU, c’est aussi être force de proposition fédérale dans des domaines précis (éducation, emploi, service public…), mais aussi d’avancer des alternatives à la crise, car si les politiques d’austérité perdurent, toute revendication syndicale est invalidée. Le challenge est bien d’inventer un nouveau contrat social au niveau européen, et la FSU doit être partie prenante d’un tel processus, et même pourquoi pas l’impulser, avec d’autres organisations syndicales.

La question de la représentativité transversale

Dans le même temps, il nous faut aussi regarder les réalités en face et agir pour préserver la FSU et ce que nous représentons.

Ainsi, en 2013, les nouvelles règles de représentativité vont s’appliquer dans le privé. Ce sera aussi le cas en 2014 dans le public. Mais qu’en est-il de la question de la représentativité « transversale » : comment sera-t-elle déterminée dès lors qu’il faut parler (négocier) retraites, protection sociale, ou représenter les salariés dans des instances transversales (CESE, CESER, CCREFP etc.) ? Le risque pour la FSU est d’en être écarté. Voilà aussi un sujet à aborder avec nos partenaires syndicaux. Une proposition a été faite, sans qu’elle soit débattue, faute de temps : envisager une forme d’ « association » avec la centrale avec qui nous avons les revendications les moins éloignées, à savoir la CGT ?