QUELLE PROBLEMATIQUE POUR LE SCHEMA REGIONAL ?

Le schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire se veut donner une vision prospective de ce que peut devenir le territoire de Provence Alpes Côte d’Azur en 2030.

Un diagnostic sévère

Pour ce faire, le SRADDT pose, en préalable, un diagnostic plutôt négatif sur la région. Ce bilan, en effet, enregistre les multiples retards de la région en matière d’aménagement du territoire, de transports collectifs, de solidarité entre les territoires, de sur-occupation de la bande littorale. Il pointe également l’abandon de l’arrière pays, la sous industrialisation aux côtés d’une économie résidentielle surdimensionnée, laquelle s’avère impuissante à créer suffisamment d’emplois pour la population qui poursuit sa croissance, le manque de logements, en particulier pour les familles modestes, une insuffisance énergétique.

Ce bilan omet cependant de rappeler que nombre de grands projets régionaux ont dû leur émergence aux interventions de l’Etat : aménagement industriel de Fos, création du port à Fos et récemment législation créant le GPMM, Cadarache avec ITER, Sophia-Antipolis, le TGV Méditerranée, la loi de regroupement des universités, Euro méditerranée à Marseille.

Sans doute, la région possède des atouts, en premier lieu naturels : son climat, son ouverture sur la Méditerranée, sa couverture par le massif alpin. Autre atout dans le monde actuel, l’existence d’un grands nombre de villes moyennes dotées de services et deux métropoles situées aux limites extrêmes de la région, des industries qui ont leur place dans la mondialisation : aéronautique, sidérurgie, pétrochimie, micro électronique, bien qu’elles soient, aujourd’hui, peu créatrices d’emplois, elles contribuent fortement aux capacités exportatrices de la région, une industrie agroalimentaire branchée sur l’agriculture régionale.

Les défis

Les éléments de diagnostic soulignés ci-dessus mettent en évidence les défis que doit affronter la société régionale : défi de l’accueil de nouveaux arrivants, défi de la transition écologique et énergétique, défi d’un nouveau modèle économique, défi de la mondialisation. Tous ces défis se déclinent aussi à l’échelle française et au-delà. Face à ces défis, il y a une impérieuse nécessité d’articuler les activités et les services avec l’habitat et les transports alors que la tendance ces dernières années étaient de les dissocier alors qu’existait une croissance relativement forte. Cette articulation forte doit être prise en charge collectivement à tous les niveaux institutionnels, qu’il s’agisse des services de l’Etat, de ceux des collectivités ainsi que des grandes entreprises nationales ou privées. Ceci à travers les moyens à leur disposition : législatifs et financiers pour ce qui est de l’Etat, mises en œuvre coordonnée des compétences des collectivités, incitation faite aux grands groupes dans le cadre de partenariat, par exemple sur les transports collectifs ou sur le transport de marchandises, rôle des SCOT, des PLU et des PDU (en favorisant les modes doux de transport urbain) lorsqu’ils sont opposables.

Quel développement des activités et de l’emploi ?

La création d’activités et d’emplois, en particulier dans un environnement économique déprimé, ne peut se décréter et déployer une nouvelle économie ne peut se réaliser sans moyen, notamment financiers. Sans doute que, dans ce domaine, des liens et des partenariats devraient se nouer avec les centres universitaires et des centres de recherche, cette nouvelle économie s’inscrivant dans l’approfondissement de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Par ailleurs, Il est vraisemblable que l’essentiel des créations d’emplois se réaliseront dans les petites et très petites entreprises qui ont nécessairement une implantation locale, aussi tout ce qui peut participer à leur création et à leur maintien, voire leur développement est à prendre en considération. Ce niveau d’intervention est approprié pour les collectivités locales appuyé par le réseau bancaire. Il doit également exister une forte connexion avec pôle emploi pour ce qui est des recrutements adaptés ainsi qu’avec une politique régionale d’éducation et de formation.

Toutefois, l’emploi ou plutôt la dispersion des activités (zones commerciales, zones d’entreprises) parallèlement à la précarité d’un certain nombre d’emplois, surtout dans les secteur privé pose la question non seulement de la localisation de l’habitat, mais aussi celui du coût des logements, aussi bien à l’achat qu’à la location. Ainsi la localisation d’un logement ainsi que son coût deviennent stratégique pour un ménage. Se greffe sur ce problème celui des transports collectifs, pour lesquels l’insuffisance d’une politique organisée au niveau intra urbain et extra urbain se fait cruellement sentir, traduite par un défaut de réelle coopération entre les autorités organisatrices de transport (AOT) jouant sur la multi modalité incluant l’automobile et impliquant une politique tarifaire adaptée et attractive.

Les transports, une question-clé

On ne peut traiter de l’interdépendance des territoires sans donner à la région les moyens d’une politique de transports collectifs qui s’inscriront dans la localisation actuelle et future des logements dont la densification doit être recherchée ((résistance à l’artificialisation des terres) mais les activités et leur localisation devront être aussi au centre de cette politique. Cette politique des transports doit en particulier viser à réduire la circulation automobile afin de contribuer à la diminution de la pollution.

A l’heure actuelle la consommation d’espaces, notamment des terres agricoles, provient en partie du mitage du territoire par les habitations individuelles, notamment les résidences secondaires ainsi que par les surfaces commerciales, les moyens d’intervention publics dans ce domaine afin de limiter cette consommation existent, ce sont les PLU notamment.

En guise de conclusion provisoire

Etablir un schéma régional alors que les compétences d’un Conseil Régional sont limitées est une vraie gageure, cela suppose non seulement de partager un diagnostic et de se mettre d’accord sur les objectifs essentiels, cela suppose surtout une volonté politique commune s’inscrivant dans le temps long et une conjugaison des moyens car les retards accumulés ne peuvent être réduits en peu de temps, notamment lorsqu’il s’agit de favoriser les changements culturels que nécessite une nouvelle forme d’économie.

C’est d’autant plus complexe dans un environnement législatif incertain. Que dira in fine la loi de décentralisation ? Celle sur l’égalité des territoires ? que deviendra le CPER, Contrat de Projet Etat Région qui s’achève, alors que rien n’est arrêté pour l’élaboration du suivant ?

En l’état, les travaux de la Région pour réviser le SRADDT sont très précieux, le diagnostic bien posé, les orientations intéressantes. Restent à envisager la suite : la déclinaison opérationnelle , qui constituera la phase III de ces travaux, auxquels la FSU participe.