L’aspect étroitement utilitariste de la formation, particulièrement prégnant dans les régions, doit être dépassé. En tout état de cause, la formation professionnelle doit être suffisamment large pour permettre à chacun de poursuivre sa formation tout au long de la vie, de changer de métier, mais aussi pour répondre aux besoins de l’évolution du travail.

LA FORMATION ET L’EDUCATION, ENJEUX MAJEURS DU XXIe SIECLE



Le service public d’éducation doit éduquer et qualifier les jeunes et les Hommes sur un territoire, qu’il soit national, régional ou local. Toute formation, initiale ou continue, générale ou professionnelle ne saurait se réduire à « apprendre un métier ». L’éducation et la formation participent au principe de justice sociale : elles doivent permettre à chacun l’accès aux savoirs et à la culture. Elles devraient aussi permettre un meilleur fonctionnement de la démocratie. Il n’y a de démocratie qu’avec la participation active des citoyens, à l’opposé d’un système où savoirs et décisions sont confisqués par des experts. La vision émancipatrice de l’éducation pour chaque individu, citoyen et travailleur, ne doit jamais être oubliée. Les systèmes éducatifs ont d’abord comme finalité l’éducation d’individus libres et épanouis, de citoyens actifs dans leur lieu de travail et dans la cité. C’est en cela que l’éducation est d’abord un droit qui doit être garanti à tous. C’est en cela que le développement d’un service public, national et laïque d’éducation et de formation permanente constituent une condition nécessaire pour que ce droit soit effectif pour tous.

Aussi l’aspect étroitement utilitariste de la formation, particulièrement prégnant dans les régions, doit être dépassé. En tout état de cause, la formation professionnelle doit être suffisamment large pour permettre à chacun de poursuivre sa formation tout au long de la vie, de changer de métier, mais aussi pour répondre aux besoins de l’évolution du travail.

La mise en place d’une éducation continuée, solidement assise sur une éducation initiale de qualité est devenue indispensable. La scolarité obligatoire doit être portée à 18 ans, et c’est le niveau bac qu’il faut se donner comme objectif pour toute une population, niveau que tous les jeunes devraient pouvoir atteindre par des voies diversifiées. La formation ne peut être soumise aux étroits besoins économiques locaux. Pour autant, éducation, formation et recherche constituent des leviers essentiels d’un développement économique soutenable et respectueux de l’environnement. Aussi la question des qualifications professionnelles et de l’accès à la formation pour tous est aujourd’hui un enjeu majeur.

L’ensemble des études convergent au moins sur ce point : ce sont les hommes, leurs compétences, leurs qualifications, qui constituent la nouvelle richesse d’un territoire. Mais comme toujours dans les constructions sociales, il y a plusieurs devenirs possibles, et donc des choix à effectuer. Ces choix sont de nature politique, et ils devraient donc être largement débattus. Rien ne serait plus faux que de prétendre que, pour opérer des choix qui engagent l’avenir, il suffirait de mettre en place des partenariats, devenus très tendances dans les politiques publiques, ou encore d’établir des diagnostics agrémentés de statistiques, qui pour être parfaitement utiles et nécessaires, ne sont ni suffisantes ni neutres.

Les métiers, le travail se transforment, sous les effets notamment des changements technologiques, des mutations sociales, des évolutions démographiques. Rien de vraiment nouveau au fond. Par contre, un nouveau modèle productif, qui articule les formes de l’organisation productive, l’ensemble des relations sociales dans et hors de l’entreprise, la formation initiale et continue, la qualité de vie d’un territoire est en cours de construction. Aussi l’enjeu démocratique derrière les questions de formation et d’emploi devient-il premier. L’OCDE, l’Union Européenne théorisent depuis des années maintenant sur la société ou l’économie de la connaissance. Elles ont quelques réponses toutes prêtes : utiliser la formation pour améliorer l’employabilité, développer la flexibilité et la précarité de l’emploi, mais aussi faire de la formation un vaste marché, sur fond de désengagement de l’Etat.

Il est donc de la responsabilité du mouvement syndical d’élaborer des alternatives à ces solutions libérales qui ne sont nullement inéluctables. Les points d’appui dont nous disposons sont innombrables, même si la pensée dominante comme des analyses quelque peu simplistes empêchent de les percevoir nettement. Ils résident dans les contradictions fortes dans lesquelles se trouve aujourd’hui le capitalisme. Comment faire appel à l’initiative, à l’autonomie à la créativité des salariés tout en encadrant fortement le travail, soit de façon traditionnelle par le taylorisme persistant, ou de façon moderne comme le prônent les théories actuelles du management ? Comment éduquer davantage et élever les qualifications d’un grand nombre de salariés, ce qui est nécessaire dans la course à l’innovation, sans que ces connaissances deviennent un levier pour remettre en cause l’autorité (de l’encadrement, du patronat, de l’Etat) ? Comment continuer à prôner le dépérissement de l’Etat, sans que le marché lui-même ne soit plus en capacité de fonctionner ?

Le mouvement syndical doit aujourd’hui travailler ces contradictions, et peser pour que les choix se fassent dans l’intérêt du plus grand nombre, pour une société plus juste. Saura-t-on construire une société du plein emploi, composée de citoyens éclairés participant à la vie de la cité ? Avec quels usages du temps libre ? Avec quelle place pour les salariés dans les entreprises ? Avec quels parcours professionnels sécurisés, ce qui n’exclut pas certaines formes de flexibilité ? Avec quelle place des services publics dans cette construction ? Et quelle place pour une réelle démocratie, tant nationale que locale ?

Extrait de l’ouvrage de la FSU-Région PACA : Un avenir à construire