La FSU souhaite, au nom des personnels que représente dans les académies d’Aix-Marseille et de Nice, faire part aux membres de ces deux conseils du mécontentement et des inquiétudes de la communauté éducative.

Désaccord de la FSU sur la sélection à l’université mise en œuvre par le dispositif Parcours sup, dont la loi qui le porte n’est toujours pas publiée…Les 10 vœux de chaque lycéen seront traités par des algorithmes locaux peu transparents en fonction d’attendus, qui peuvent être extra-scolaire (engagement dans des associations par exemple ou des clubs sportifs), et qui dans leur formulation rejettent a priori certains profils de lycéens et tout particulièrement ceux issues de la voie professionnelle et technologique. Dissuasif, bureaucratique et sélectif, le dispositif parcours Sup est à la mesure d’un projet qui organise la relégation voire l’exclusion de nombreux bacheliers désormais jugés inaptes à poursuivre des études à l’université. La FSU a d’autres ambitions pour les jeunes de notre pays.

Inquiétudes sur la réforme du bac et du lycée, quand la base de la discussion est un rapport qui à nos yeux veut mettre en place le lycée impossible. Car le lycée de M Mathiot est conçu pour un lycéen qui n’existe pas, à savoir l’élève qui serait autonome avant d’apprendre à l’être, comme une sorte d’entrepreneur de sa vie dès 15 ans ! Construire son parcours dès la seconde sur la base de sa possible orientation post-bac est complètement irréaliste.  L’organisation qui en découle ressemble à une usine à gaz avec des menus de deux disciplines majeures que l’on pourrait changer après une année et des disciplines mineures associées modifiables tous les semestres. De fait, la suppression de la voie technologique et l’éclatement des séries vont compliquer le mot est faible l’organisation des lycées et les choix des élèves socialement les plus fragiles.

Inquiétudes sur la fusion de nos deux académies suite à l’expérimentation menée en Normandie. La FSU est contre ce dispositif qui ne peut aboutir qu’à moins de service public. Nous voulons un service de gestion des personnels à proximité de ceux-ci. Nous refusons que l’on impose à nos collègues du second degré « un ticket d’entrée » pour le mouvement dans une région académique qui serait bien vaste pour obtenir une affectation à l’aveugle. La FSU est convaincue qu’il faut au contraire plus de personnels administratifs pour assumer toutes les tâches de gestion.

Inquiétudes sur l’avenir de la fonction publique et donc de l’éducation nationale. Le premier comité interministériel de la transformation publique a fait apparaître des orientations inquiétantes du pouvoir en place voire des décisions qui seraient déjà arrêtés par le pouvoir en place sans réelles concertations avec les organisations syndicales  comme l’objectif d’aller vers une rémunération différenciée notamment au mérite, le développement d’un management centré sur l’individualisation, le recours aux contrats pour donner « plus de souplesse » et cerise sur le gâteau la mise en œuvre d’un « plan de départ volontaires ». La FSU propose au contraire de réfléchir sur des recrutements et des pré recrutements mais surement pas pour aller vers moins d’emploi et plus de précarité.

La FSU dénonce la soi-disant « addiction » des français à la dépense publique. La France n’est pas « malade » de ses services publics, au contraire elle a fait des services publics, auxquels les citoyens sont très attachés, un des piliers de son modèle social. J’invite tous les responsables politiques à prendre connaissance d’un rapport de France Stratégie sur l’administration de la France qui montre qu’en prenant en compte toutes les dépenses publiques l’écart avec les autres pays développés est plus resserré : dans notre pays 90 emplois de fonctionnaires pour 1 000 habitants pour 159 en Norvège. Ce rapport souligne aussi que le principal poste des dépenses publiques est constitué par les prestations sociales (santé, retraite, chômage, logement, famille, minima sociaux) On est finalement bien loin d’une France suradministrée mais sur une nation plus socialisée qu’administrée.

Inquiétudes aussi par rapport au dernier budget de la région concernant les lycées. On pouvait lire dans les ascenseurs de la région au mois de décembre ce slogan : « éducation et formation : des enjeux majeurs », ce qu’à la FSU nous ne pouvons que partager. Mais alors comment interpréter la baisse de près de 10 millions d’euros des investissements qui va nous éloigner encore un peu plus de la moyenne nationale : en 2017 il y a eu 32€/h d’investi dans notre région alors qu’au plan national ce sont 35€/h qui l’ont été. Globalement, les dépenses par lycéens dans notre région étaient l’an dernier de 2 345€ par lycéen contre en moyenne 2 587 € au plan national. Nous sommes à la FSU convaincues qu’il faut faire encore davantage pour les lycées et des marges de manœuvre existent au moment où l’exécutif régional propose une progression de près de 200% pour  la « mise en sécurité » des établissements.

Pour assumer correctement leur mission de service public les personnels de l’Etat comme ceux de la région ont besoin de sérénité et besoin d’être soutenu. Pour l’heure avec tout ce que je viens de vous énoncer l’ambiance est plutôt morose. C’est pourquoi les personnels étaient dans l’action ces derniers jours dans le secteur de l’éducation et que nous nous mobiliserons à nouveau le 22 mars avec l’ensemble des fonctionnaires et des précaires déjà trop nombreux de la Fonction Publique qui doit être préservée et améliorée et non dépecée comme le propose ce gouvernement.