Edito
La crise serait-elle en passe de permettre au vieux rêve néolibéral de se réaliser ?
La récession s’installe dans la durée, le chômage explose, les inégalités s’aggravent.
Les annonces se suivent et rien ne change. Voilà un cocktail bien dangereux pour la démocratie. Quand la défiance s’installe, la crise politique n’est jamais loin : toutes les prémices sont déjà présentes.
Avec le maintien du gel du point d’indice, les salaires des fonctionnaires diminuent ; une nouvelle baisse des pensions est orchestrée ; la RGPP se poursuit sous un nouveau nom.
Alors, dans le chaos en cours, des voix s’élèvent contre l’austérité, économiquement absurde. La démonstration n’est en effet plus à faire. Mais ces mêmes voix réclament aussitôt la poursuite des « réformes structurelles ».
Quel est donc ce cap européen que le chef de l’exécutif français semble parfaitement
assumer ? Il s’agit du transfert massif de la dépense publique, qu’il s’agisse des retraites ou du service public, vers la dépense privée et le marché promu roi. C’est aussi en finir avec le statut protecteur du salariat, du privé comme du public, en matière de droits du travail. C’est assurer le triomphe du seul intérêt économique dominant aux dépens de l’Etat et du contrat social. On aura reconnu les objectifs
poursuivis avec ténacité – et des succès certains – par le monde patronal.
Aussi est-il urgent de changer de cap.
La démocratie sociale ne se résume pas à accompagner n’importe quelle transformation moyennant quelques contreparties, au demeurant mineures, comme dans le cas de l’ANI. Ce n’est pas davantage jouer la division syndicale, ou générationnelle, ou encore museler la démocratie représentative.
Plus que jamais et sans attendre, le syndicalisme doit passer à l’offensive, et porter la carte de l’unité, de la proposition et de l’action, pour inverser la donne.
Avançons la solidarité et l’unité face aux manoeuvres de division – le privé contre le public, les jeunes contre les séniors, les actifs contre les retraités, …
Construisons les voies alternatives aux politiques d’austérité : un nouveau monde est à inventer en matière de nouvelle croissance autour de la nécessaire transition écologique, de solidarité et de service public, de réduction des inégalités.
Travaillons enfin sans relâche à l’unification syndicale. Pour gagner.
Josiane Dragoni
29 avril 2013