CTA Aix-Marseille du 23 mai 2018

REPRENDRE LE CHEMIN DE L’ECOLE RÉPUBLICAINE

Annonces, réformes, mesures déferlent sur l’Ecole : Parcoursup, baccalauréat, orientation, lycée, formation professionnelle, retour aux fondamentaux au primaire, instrumentalisation de certaines sciences pour asseoir des préconisations pédagogiques parfois contraires aux programmes, injonctions, complaisance pour l’école privée, promotion de l’apprentissage pré-bac aux dépens des lycées professionnels…

Ce tsunami de réformes serait justifié par la nécessité d’améliorer et de moderniser le service public d’éducation. Nous ne pouvons que souscrire à cet objectif car c’est effectivement le souci permanent de celles et ceux qui font vivre l’Ecole au quotidien.

En réalité, cela cache mal une remise en en cause des valeurs les plus fondamentales de l’École publique

Remise en cause du principe fondamental d’égalité de tous les jeunes.

Tout en prétendant viser la réussite de l’ensemble des jeunes, les choix faits consistent à :

  • augmenter les outils de sélection,
  • réduire les moyens d’enseignement,
  • dénaturer le caractère national du bac,
  • limiter l’ambition à la maîtrise des fondamentaux pour une part des élèves
  • lier la formation professionnelle aux seuls besoins des entreprises en lui déniant toute dimension émancipatrice et d’apprentissage de la citoyenneté

ou

  • développer l’apprentissage alors que l’on sait que cette voie de formation est porteuse de lourdes discriminations comme l’a démontré récemment une étude du Cereq. Les candidats sont soumis à trois type de discriminations, de genre, ethnique et sociale, qui souvent se cumulent, je cite.

Toutes ces mesures auront pour conséquence de renforcer les inégalités scolaires en maintenant le poids des déterminismes sociaux. C’est du renoncement à une élévation générale du niveau de connaissances et de qualifications dont il s’agit.

Les dispositifs ciblés en faveur d’un petit nombre d’élèves, issus des milieux populaires, sont une bonne chose mais c’est l’arbre qui cache la forêt, car ils ont pour corolaire l’abandon des mesures pour le plus grand nombre qui permettraient de vraiment lutter pour l’égalité.

De même, l’abaissement de la scolarité obligatoire à trois ans n’entérine que l’existant sans poser la question de l’amélioration des conditions de scolarisation, tout comme le dispositif «parcours sup» ne pose pas celle de la démocratisation de l’enseignement supérieur.

Remise en cause, également, du principe fondamental de la fraternité

L’épanouissement individuel, l’individualisation des parcours, le bien-être de chacun ne peuvent suffire à constituer les finalités de notre système éducatif. Pour contribuer à une société plus juste, plus solidaire, plus fraternelle, l’École doit rester le lieu d’une émancipation collective où la réussite individuelle ne peut se faire aux dépens des enjeux de la culture partagée, de la citoyenneté, de l’élévation générale des savoirs et qualifications.

Elle doit être un lieu d’accueil, d’ouverture sur le monde et d’apprentissage de la vie en société.

L’école de la République ne peut se fonder sur des logiques de compétition et de sélection.

Remise en cause, pour finir, de la valeur de liberté

Liberté pour les jeunes de construire leur avenir et de faire des choix débarrassés des déterminismes de toute sorte. A l’inverse du risque d’enfermement et de soumission au court terme que contiennent par exemple les mesures actuelles sur l’orientation avec, notamment, le projet de fermeture des CIO, qui priverait les usagers d’un lieu d’accueil véritablement dédié à l’orientation. Les PSY-EN, avec la FSU, s’opposent à cette réforme et ils mettront tout en œuvre pour contrer cette politique de casse de l’orientation scolaire.

Liberté pour les personnels d’exercer leurs métiers en toute responsabilité. Tout en proclamant une école de la confiance, le Ministre pèse sur les choix pédagogiques et éducatifs des enseignants et de l’ensemble des personnels par la prescription injonctive. Il contrevient au principe d’une liberté pédagogique qui devrait pouvoir s’exercer dans la seule limite des programmes et des projets d’écoles et d’établissements.

Notre démocratie a patiemment construit l’équilibre qui inscrit les finalités du projet scolaire dans la loi et qui fonde les organisations pédagogiques et didactiques sur la compétence professionnelle. Décider arbitrairement de la remise en cause de cet équilibre en niant l’expertise professionnelle ne sera pas sans conséquence sur la qualité de l’école.

Notre système éducatif, au contraire, aurait besoin pour progresser que soient favorisées l’initiative et la formation initiale et continue des enseignants et des équipes.

La multiplication des discours institutionnels favorables aux projets privés est un choix idéologique qui fragilise également le service public d’éducation.

Pour la FSU, l’objectif du gouvernement n’est donc pas de l’améliorer et de le moderniser mais de réduire son coût, de gagner encore en productivité sur le dos des personnels, comme les mutualisations des services, la mise en réseau des établissements, la perspective de la fusion des académies l’illustrent. Dans notre académie, la situation de certains secrétariats des inspections académiques du Vaucluse témoigne de cette dégradation continue qui a été dénoncée par la FSU à l’occasion du CHSCTD du 18 mai dernier. L’évolution de la carte des agences comptables, des CIO comme celle des GRETA, à l’ordre du jour du CTA d’aujourd’hui sont autant de preuves de cette volonté.

 

Seul le service public peut garantir l’intérêt général. Remettre en cause ce principe constitue un risque majeur. L’Éducation est un enjeu fort pour l’avenir de notre société. Cela implique une politique déterminée sur des objectifs de réussite pour tous les élèves et un investissement en conséquence pour l’école et l’avenir de la jeunesse.

C’est pour toutes ces raisons que nous étions en grève, hier 22 mai, à la suite de l’appel unitaire de 9 organisations de la Fonction Publique.