A l’occasion de la grève unitaire du 12 novembre, dont la FSU a été la cheville ouvrière, les personnels de l’Éducation nationale ont montré leur profond mécontentement vis-à-vis de la politique menée par le gouvernement. L’ampleur des attaques contre la Fonction publique et plus particulièrement l’Éducation nationale explique cette forte réaction.

Jean-Michel Blanquer peut annoncer des chiffres de participation erronés calculés à l’aide d’une méthode malhonnête, aucun acteur du monde éducatif n’ignore la réalité de la participation et que les personnels ont envoyé un signal fort à leur ministre qui serait bien avisé de les entendre.

Les raisons d’être en grève ne manquaient pas et l’ordre du jour de ce CTA fait écho à certaines d’entre elles.

Alors que les personnels sont confrontés à une hausse du nombre d’élèves – ce que nous pourrons constater à l’occasion de ce CTA puisque c’est un point de l’ordre du jour – que les difficultés du métier ont été mises en évidence à l’occasion de l’agression commise sur une enseignante à Créteil, le gouvernement répond en amplifiant sa politique de suppression de poste pour la rentrée 2019 (- 2 650 postes) et les suivantes. C’est une nouvelle dégradation des conditions d’études des élèves et de travail des personnels qui est programmée.  Car si le ministère affiche sa volonté de poursuivre et achever le dédoublement des classes de CP et CE1 des écoles des réseaux d’éducation prioritaire, les 1 800 postes prévus, obtenus par le redéploiement du second degré vers le premier degré, ne suffiront pas à mettre en œuvre cette mesure.

Si l’on ajoute à cela la faiblesse des rémunérations, l’insuffisance du nombre d’AESH, de personnels de vie scolaire dans le second degré, de PSY-EN – comme cela se fait sentir dans notre académie, en particulier dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône -, des menaces sur l’éducation prioritaire, une réforme des lycées qui met en concurrence les établissements, les disciplines, les personnels et les élèves, trop c’est trop !

Les propos du Ministre de l’Action et des comptes publics enfoncent le clou : renforcement du poids de la précarité dans la Fonction publique, détricotage très défavorable du code des pensions.

La réorganisation territoriale de l’Éducation Nationale, par la fusion des académies et le renforcement de l’échelon infra-académique des réseaux d’établissements, porte également en elle le risque d’une dégradation du service public. Les expériences d’autres réorganisations de services déconcentrés de l’État, sur d’autres périmètres, ont montré combien il est facile de casser des organisations qui fonctionnent, mais que reconstruire une efficacité est ensuite beaucoup plus hasardeux, surtout quand tout ceci est structuré autour de politiques budgétaires ayant pour dogme de supprimer des postes.

S’agissant de l’enseignement professionnel, l’appel du 12 novembre a donné l’occasion de poursuivre l’action entamée le 27 septembre avec succès. La réforme de la voie professionnelle instrumentalise la voie scolaire au profit de l’apprentissage. Elle organise le transfert des contenus d’enseignement et des diplômes aux branches professionnelles. La réduction des horaires dans toutes les disciplines et la multiplication des dispositifs encore mal définis (AP, co-intervention, chef d’œuvre, etc.) entérinent au moins 2 500 suppressions de postes d’ici 2022 et augmenteront amplement les difficultés des jeunes dans leurs parcours scolaire et professionnel. Sur ce sujet, la FSU tient à rappeler son opposition au développement de l’apprentissage qui se fait aux dépens de la voie professionnelle scolaire publique. Aujourd’hui, une étape supplémentaire est franchie et le projet de réforme vise essentiellement à disqualifier la voie professionnelle scolaire pour mieux servir les intérêts des organisations patronales dans leur volonté de faire main basse sur l’enseignement professionnel au sein de l’École.

Ainsi l’apprentissage est utilisé pour remettre en cause l’enseignement professionnel scolaire. En effet, par la Loi du 5 septembre dite « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », le gouvernement a choisi de promouvoir l’apprentissage en se faisant le relais des revendications du patronat et de sa communication partiale. En donnant des informations biaisées, il tente de démontrer la supériorité de cette voie pour l’insertion professionnelle des jeunes. Une étude du CEREQ permet de démonter leurs arguments simplistes. Les apprentis qui finissent leur parcours s’insèrent mieux mais après une sélection en plusieurs étapes. Cette voie de formation est, en effet, très discriminante. Je cite la conclusion de cette étude. « En reléguant aux formations professionnelles scolarisées les populations les plus fragilisées face à l’emploi, l’apprentissage permet une insertion professionnelle qui est mécaniquement et sans grand effort supérieure à celle des jeunes issus des lycées professionnels. »

Pour la FSU, contrairement à d’autres organisations syndicales qui soutiennent cette réforme, comme elles ont soutenues le Bac Pro en 3 ans, pas de doute, l’accès à une formation professionnelle de qualité, pour toutes et tous, ce sont les lycées professionnels publics qui l’assurent !

Autre sujet à l’ordre du jour, la carte des formations, des enseignements optionnels de seconde et enseignements de spécialités en cycle terminal, ainsi que la sectorisation des lycées. Pour la FSU, ce sont deux leviers qui, bien utilisés peuvent permettre de favoriser une plus grande mixité sociale dans les établissements à rebours de la tendance actuel mortifère pour la cohésion de la société française : celle du repli individualiste et la recherche permanente de l’entre-soi.

Dans notre académie et notre région, les collectivités territoriales qui sont des acteurs majeurs désormais sur ces dossiers n’ont pas ce souci et se préoccupent surtout d’organiser la satisfaction de ces aspirations élitistes : cité scolaire internationale de Marseille co-financée par La Région, le département des Bouches-du-Rhône et la mairie de Marseille, siphonnant les budgets publics pour l’investissement éducatif au profit d’une élite et abandonnant à leur sort une grande majorité d’écoles, notamment. La création du lycée de Châteaurenard ou d’Enco de Botte relève des mêmes logiques.

Dans ce contexte, le Rectorat d’Aix-Marseille a la lourde responsabilité d’essayer de faire obstacle à ces logiques qui privilégient les enfants des premiers de cordées. La FSU souhaite que l’institution rectorale fasse tout ce qui est en son pouvoir pour permettre le développement du service public d’éducation et déjouer les logiques qui accroissent les inégalités sociales et territoriales.

Pour ce qui nous concerne c’est le sens de notre engagement syndical.