Venue à Marseille le 19 avril 2011, Nadine Morano, ministre, avait en quelque sorte « labellisé » la Cité des Métiers avant l’heure, oubliant que c’était le rôle du préfet après avis du CCREFP. Laquelle Cité des Métiers a alors inventé un processus pour annexer dès aujourd’hui tous les services publics d’orientation de Marseille (CIO, Pôle emploi, Missions locales…) et sans consulter qui que ce soit, a proposé un texte de demande de labellisation au préfet. Mais on avait ignoré à la fois les réactions des personnels et des organisations syndicales : la FSU a immédiatement porté ce sujet devant l’instance de consultation du CPRDF réunie le 9 juin, et le dossier a été retiré de l’ordre du jour du CCREFP du 20 juin.
Non, ni la Cité des Métiers, ni aucun organisme privé ne pourra annexer sans autre forme de procès les services publics !
Résumons rapidement le processus tenté à Marseille en matière de labellisation et d’imposition autoritaire du SPO, le « Service Public d’Orientation ».
Acte I.
La loi sur l’orientation et la formation tout au long de la vie du 24 novembre 2009 institue le SPO, le décret et l’arrêté datent du 4 mai 2011, soit 18 mois après la loi.
SPO, les textes réglementaires : ici.
Tout ce processus, de la loi aux textes réglementaires et aux circulaires s’est effectué sans la moindre concertation.
Le SPO se met aussi en place sans aucun moyen.
La demande légitime des salariés, avoir un droit effectif à une orientation tout au long de la vie, est détournée de son objectif, et le processus de SPO mis en place par le gouvernement vise avant tout à utiliser cette demande légitime non pour la satisfaire, mais pour transformer complètement le statut de l’orientation au niveau scolaire, et plus largement, pour mettre tous les services publics œuvrant en ce domaine à la merci du privé.
Acte II. Marseille
Nadine Morano est à la Cité des Métiers le 19 avril. Selon la presse ( dépêches, La Provence du 20 avril…), elle s’exprime ainsi : « la Cité des métiers préfigure ce à quoi que je veux parvenir… » Et le journal de préciser que les premiers labels seront donnés avant l’été et que la Cité des Métiers aura le sien. Madame le Ministre avait oublié le décret qu’elle signerait quelques jours plus tard, le 4 mai : le CCREFP, instance régionale de concertation sur les questions d’emploi et de formation professionnelle, doit donner son avis, puis le préfet prend la décision.
Acte III.
Le SNES FSU apprend le 30 mai l’existence d’un texte de la Cité des Métiers.
Voir ce texte en pièce jointe à cet article
Le « dossier » déposé par la Cité des Métiers auprès du Préfet de région, qui ne correspond pas du tout à ce qui est défini dans les textes réglementaires, englobe dans la demande de labellisation tous les services publics d’orientation de Marseille.
La mobilisation de la profession est immédiate, rapide, efficace. Le SNES-FSU appelle les Conseillers d’Orientation Psychologues à la grève le 16 juin, journée nationale d’action sur l’orientation. En effet, aucune concertation n’a eu lieu. Nulle part. Ni au sein de l’Education Nationale, ni de Pôle Emploi, ni des Missions Locales. Le CA de la Cité des Métiers a-t-il été seulement informé ? Il aurait dû délibérer. La suite montrera que la Cité des métiers n’a consulté aucun de ses partenaires potentiels (Recteur, Pôle emploi, Missions Locales) sur son projet de labellisation, qui pourtant les englobe, la Cité des Métiers s’autoproclamant « tête de réseau » ou « fédérateur ».
Cette opération incroyable est contée :
dans le texte
Déclaration FSU le 9 juin joint à cet article.
Nous avons en effet profité de la tenue de la dernière réunion de concertation sur l’élaboration du future CPRDF, le plan régional des formations professionnelles, pour interpeller les représentants de l’Etat sur le processus et demandé que ce dossier soit retiré de l’ordre du jour du CCREFP convoqué le 20 juin.
Nous avons été suivi par la Région, les autres organisations syndicales. Personne ne pouvait accepter, alors qu’un processus de concertation de qualité est encours pour élaborer le CPRDF, que l’Etat ait choisi de s’affranchir de tous les textes réglementaires qu’il a lui-même promulgué et que soit mis en place un véritable coup de force contre le service public. La Cité des Métiers est un organisme privé.
Les représentants de la préfecture annonce alors en séance que le dossier est retiré de l’ordre du jour du prochain CCREFP et reporté en septembre-octobre.
Acte IV
Après cette première victoire, il nous faut maintenant construite l’Acte IV.
Nous proposons que les services publics, d’éducation et de l’emploi, les Missions Locales demandent une labellisation conjointe, dans un cadre régional/académique.
A suivre, donc.
Prochaines étapes :
l’AG des CO-Psy le 16 juin suivie d’une délégation au rectorat,
23 juin, journée nationale d’action dans les domaines de l’orientation, de la formation professionnelle (SNES, SNU-Pôle Emploi-FSU, CGT-AFPA…).