Le CPRDF PACA a été présenté le 26 septembre 2001 aux instances de concertation. Pour la première fois, les deux CAEN et le CCREFP étaient réunis ensemble. La FSU a voté favorablement. Voici son intervention.
Intervention FSU PACA Au CCREFP –CAEN (AIX et NICE) du 26 septembre 2011
CPRDF PACA
1/ Une démarche très positive malgré un contexte très négatif
a/La FSU a tout particulièrement apprécié la qualité de la concertation qui, à notre sens, a permis à la démocratie sociale d’exister ; nous espérons que cette démocratie sociale continuera à vivre au plan régional, et qu’elle irriguera d’autres politiques publiques.
La démarche est très exigeante : un an de travail ou presque, des réunions régulières et approfondies, des notes de problématiques remarquables réalisées par les centres ressources…
Cette méthode a permis d’avancer sur des sujets passionnants et controversés : la relation formation emploi, la place des différents acteurs, les qualifications et les compétences, sans oublier la question de l’année : l’orientation…
Les débats ont progressé grâce à la qualité de l’argumentation, grâce à la démonstration, ancrée dans les réalités sociales et les métiers de la formation et de l’orientation. Ces réalités, ce sont aussi les missions et le fonctionnement des services publics.
Je citerai un exemple pour illustrer cette démarche innovante, pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance de participer à cette aventure commune. Au bout de six mois de travail et de débats animés, personne ne pouvait valablement soutenir que l’avenir de l’orientation résidait dans la fusion des différents métiers existants aujourd’hui et qu’un moule unique s’imposait ou encore que l’orientation
La démarche n’évita pas les conflits, qui furent quelquefois même assez forts. Mais nous avons pu ensuite souvent arriver, sinon à des points d’accord, du moins à des compromis. Il subsiste des désaccords, notés dans la synthèse. La démocratie, et partant l’efficacité (que pouvons nous réaliser ensemble ?) y ont beaucoup gagné.
On ne peut que souhaiter que cet apprentissage collectif deviennent un bien commun et que la démarche se poursuive : au CCREFP et dans ses commissions bien sûr, et pourquoi pas, rêvons un court instant, aux CAEN ? D’ailleurs pourquoi pas un CAEN inter académique, comme en Ile de France ?
b/ Mais le contexte, bien sombre, ne peut être passé sous silence
Car la RGPP se poursuit avec :
ses suppressions de postes massives dans les services de l’Etat ou à l’EN
mais aussi la transformation brutale des métiers et des missions des personnels
Cette politique de l’Etat est menée tambour battant, en l’absence totale de concertation. Il est vrai qu’un des fondements de cette nouvelle doxa est d’ignorer volontairement la professionnalité des agents. Aussi la qualité des services publics se dégrade-elle fortement. Au fond, les services publics ne tiennent plus que par le seul dévouement des personnels, attachés malgré l’adversité à porter le sens de leur métier, à savoir l’intérêt général, alors même que les conditions d’exercice du métier deviennent invivables.
C’est le cas à l’éducation :
cf la déclaration liminaire en pièce jointe.
Avez vous observé dans la dernière livraison de l’OCDE le recul significatif du taux de scolarisation en France ? La France est le seul pays où une telle évolution se produit !C’est bien un problème majeur encore plus important pour PACA où le recul de scolarisation est plus marqué qu’au niveau national.
Précisons aussi les chiffres donnés par madame le recteur de Nice. S’il y a cette année plus de bacheliers professionnels à Nice, c’est parce qu’il y avait en juin les bacheliers du dernier parcours en 4 ans (BEP puis Bac pro) et les nouveaux bacheliers du parcours en 3 ans, ce que l’on nomme l’effet « bourrelet », qui dure un an. Preuve en est les suppressions de postes importantes à Nice en cette rentrée dans les LP. En tout état de cause, donnons nous rendez vous dans un an et plus, pour examiner les résultats du bac en 3 ans sur l’obtention du baccalauréat !
Dans le même temps, la voie technologique STI (formations industrielles) vient d’être transformée en profondeur, et comme les autres « réformes » de l’Etat, sans concertation aucune et dans la plus grande précipitation. Les résultats sont là : le matériel nouveau nécessaire n’est pas au rendez-vous : la Région ne pouvait pas en un temps aussi court équiper les lycées ; les professeurs ne sont pas formés au nouvel enseignement ; et enfin, il s’agit d’une modification radicale des contenus : on n’apprend plus les gestes du métier et de la production, mais on doit enseigner de la » technologie transversale ». Ni les enseignants, ni les élèves n’approuve cette mise en cause fondamentale des STI, qui n’est pas une modernisation, comme on veut le faire croire.
C’est le cas au sein du service public de l’emploi.
Les restructurations brutales dans les directions de l’Etat, celle de la formation professionnelles et de l’emploi en particulier, fusionnée dans la DIRECCTE au niveau régional ou la fusion imposée de métiers différents à Pôle emploi, ont maintenant démontré leur profonde nuisance, comme le souligne les très nombreux et récents rapports sur Pôle emploi.
Ces rapports affirment aussi que les moyens de Pôle-emploi doivent être renforcés mais le ministre du travail fait le choix inverse. Il préfère la « dématérialisation » des courriers envoyés aux chômeurs, en particulier du « pointage », ce qui accroît la précarité et l’exclusion des publics les plus fragilisés. Ce choix a, il est vrai, des conséquences immédiates sur les statistiques du chômage, le but recherché, sans doute.
Les missions locales voient également leurs moyens diminuer, en pleine remontée du chômage.
Face au problème du chômage et de l’insertion des jeunes, le gouvernement impose décidément de très mauvaises mesures : l’exclusion précoce du système éducatif, le développement coûte que coûte des contrats d’alternance ne peuvent être une solution aux élèves mis en difficulté dans le système scolaire. D’ailleurs, qui va payer les jeunes en CFA qui n’auront pas obtenu un contrat d’apprentissage ?
On le voit, les politiques actuelles de l’Etat ont abandonné toute ambition éducative et toute politique de l’emploi digne de ce nom. La FSU continuera à porter des projets alternatifs à ces politiques régressives pour un autre avenir pour la jeunesse, pour les salariés, pour notre pays.
Malgré ces difficultés – la RGPP ne permet pas vraiment de remplir le panier du contrat- le CPRDF présente des avancées et des points d’appui pour aller de l’avant.
2/ Le CPRDF porte l’ambition de faire progresser les politiques de formation en PACA
En ce sens, la FSU relève deux points importants.
– L’élévation des qualifications de tous, jeunes et adultes pour notre région : c’est une nécessité pour une région où tous les indicateurs restent dans le rouge, même s’il y a ici ou là quelques progrès.
Cela est peut être évident, mais nous n’oublions pas comment il avait a fallu batailler en 2001 pour faire inscrire cet objectif dans le PRDF, au dernier moment, lors du CAEN.
– Le concept d’égalité doit redevenir le centre des politiques publiques.
Les inégalités sont importantes en région PACA, plus qu’ailleurs. Or, les dernières études montrent un creusement de ces inégalités, qui sont, rappelons-le, sociales et territoriales : les écarts sociaux s’accroissent, et les quartiers s’homogénéisent de plus en plus sur le plan social.
Autant dire qu’il ne suffit pas comme le prônent aujourd’hui les politiques de l’Etat de cibler les pôles d’excellences ou les pôles de compétitivité, et d’oublier les autres espaces. Comment oublier les poches de pauvreté qui parsèment nos espaces métropolitains ? Sait-on qu’un quart des quartiers les plus pauvres de France se trouvent en PACA, à Marseille principalement et à Toulon ?
Il ne s’agit pas simplement d’apporter quelques politiques de compensation ici ou là ; ni de poser comme principe l’égalité des chances ou l’équité.
Il s’agit d’affirmer le principe d’égalité et de produire des politiques publiques pour le réaliser. En PACA, il y a du travail !
La FSU souhaite rappeler que la place du service public dans les politiques d’orientation et de formation est essentielle.
Il existe en France un service public d’éducation, riche de ses diversifications qui ont permis une première démocratisation ( formations générales, professionnelles, technologiques, agricoles…). Ce SPE inclut un service public d’orientation, aux personnels qualifiés.
Pour la FSU, ce n’est pas parce que ce SP souffre aujourd’hui des politiques de l’Etat à l’œuvre qu’il conviendrait de le décentraliser.
Il en est de même pour le service public de l’emploi.
Elle souhaite par contre le développement, l’amélioration et la transformation de ces services publics pour répondre aux enjeux économiques et sociaux actuels.
3/ On peut enfin souligner des avancées concrètes du CPRDF
Choisissons parmi d’autres :
• La formation et l’orientation conçues comme des droits effectifs pour les salariés, pour les jeunes, pour les femmes.
• L’accord des différents partenaires pour mettre en œuvre des financements assurant la continuité professionnelle pour les salariés mérite d’être salué comme une réelle avancée, concrète.
• En matière d’orientation enfin, le CPRDF différencie l’orientation en formation initiale, et celle pour le jeune en insertion ou l’adulte. Les lieux communs sur ce thème, ont été, au passage, abandonnés. Assurer le droit à l’orientation, ce n’est pas gérer les flux d’élèves en fonction de la demande économique de court terme. Ce n’est pas non plus, hélas pourrait on dire, le moyen qui permettra de supprimer le chômage. Car l’adéquation orientation/emploi en effet n’a pas plus d’existence réelle que l’adéquation formation/emploi.
En guise de conclusion provisoire : l’orientation, comme étude de cas ?
Ce fut un des sujets parmi les plus difficiles et les plus controversés certainement du CPRDF. Mais c’est aussi un sujet sur lequel on a peut-être le plus avancé.
Car non, décidément, les usines à gaz ne sont pas destinées à fonctionner. (La FSU faisait ainsi référence à un dernier né dans le paysage de l’orientation (la Cité des métiers, 2005), qui ne peut s’arroger le contrôle des CIO, des Missions Locales et des agences de Pôle emploi, même si un ministre l’a, par inadvertance sans doute, déclaré un jour ! )
Par contre, quand on travaille vraiment le sujet, sur la base de l’acquis d’un an de travail, alors, on peut avancer pour construire ensemble quelque chose qui fonctionne, et qui respecte les statuts et les missions des personnels : on ne reproduira pas les mêmes erreurs qu’à Pôle emploi. Faisons confiance aux services publics : EN, Pôle emploi, Missions locales, jeunesse et sport pour construiure les cohérences nécessaires. Bien sûr, la FSU veillera que ces coopérations ne puissent pas se traduire par une aggravation des conditions de travail des fonctionnaires, des salaréis de ces services publics ; elle veillera aussi de très près à ce que le processus ne puisse se traduire par la disparition de CIO, ou d’agences de Pôle emploi, ou de missions locales.
Et d’ailleurs, pour que tout cela soit véritablement efficace un jour, alors il faudra ajouter des moyens humains, et donc en finir avec la RGPP.
La FSU enfin demandera une petite modification du texte du CPRDF, une erreur dans la rédaction pensons-nous.
En page 24, avant dernier paragraphe, il est question de « mutualisation des moyens (locaux, personnels) » entre les différentes structures de formation.
On n’a jamais évoqué la mutualisation des personnels dans le GMP : on aurait fortement réagi, chacun s’en doute.
Une telle proposition pose déjà problème en matière de locaux. Elle n’est pas imaginable en matière de personnels ! Nous demandons la suppression donc de « personnels ».
(Cette proposition est acceptée par la Région, qui évoque des discussions en cours pour recruter des agents régionaux).
La FSU termine en déclarant donner un avis favorable au CPRDF.