Déclaration liminaire de la FSU CTA conjoint

 

L’attentat terroriste islamiste abject qui a couté la vie à Samuel Paty, assassiné pour avoir fait son métier, a sidéré l’ensemble de la communauté éducative par sa monstrueuse absurdité et son atroce violence. A nouveau, il illustre la sombre détermination de ceux qui veulent imposer au monde la domination de principes liberticides et obscurantistes guidés par l’ignorance, la haine et la violence. Une telle vision est radicalement opposée à notre conception de l’éducation dont l’ambition est de construire une liberté de juger et de choisir fondée sur la raison, l’esprit critique et la culture commune. En rendant hommage à Samuel Paty, bien que l’organisation de la matinée ait été sabordée par le ministre, les agents du primaire à l’université ont affirmé leur attachement profond à cette vision démocratique de l’éducation qu’il incarnait au quotidien dans l’exercice de son métier.

En matière de protocole sanitaire, les atermoiements du ministre et la volonté de minorer les mesures contraignantes en matière d’hygiène sont irresponsables, car elles ne garantissent pas réellement le maintien d’un enseignement en présentiel pour tous en protégeant les agents et les élèves.

Seule la mobilisation des personnels et des élèves a permis le renforcement effectif des protocoles et l’adaptation de l’organisation scolaire, par la mise en place de groupes à effectif réduit en lycée permettant de mieux mettre en œuvre les gestes barrières. Il faut maintenant que le ministre étende rapidement cette possibilité à l’ensemble des établissements scolaires en excluant ni les collèges ni les écoles. Mais nous rappelons aussi que tout protocole sanitaire doit faire l’objet d’une consultation de la communauté éducative, en conseil d’école ou d’administration.

La FSU le dit haut et fort, encore une fois, l’État employeur doit protéger ses agents dans tous les cas de figure, cela est vrai dès qu’une menace est proférée à leur égard, cela est vrai aussi dans le contexte pandémique que nous connaissons depuis la rentrée de septembre.

Que ce soit sur le plan sanitaire comme sur le plan éducatif, les enseignants et les élèves ont besoin de lisibilité. Il est intolérable qu’aucune annonce ne soit faite sur l’adaptation des examens dans la voie professionnelle pour la session 2021 et que les épreuves de spécialité du baccalauréat soient maintenues à la mi-mars alors que le rythme des apprentissages est ralenti pour garantir la sécurité sanitaire. Ces dernières doivent être reportées au mois de juin pour laisser aux élèves le temps d’y être préparés et l’épreuve du grand oral doit être supprimée.

Faire le choix de l’éducation n’est pas compatible avec une volonté politique obnubilée par la réduction de la dépense publique. Si nous voulons une école capable de faire face à la crise sanitaire et économique, capable de former des citoyens émancipés, capable de faire front aux pressions obscurantistes, capable de démocratiser l’accès aux savoirs et à la culture commune, il faut que l’État investisse de manière massive de la maternelle au supérieur.

Dans le contexte que nous connaissons comment ce gouvernement peut-il encore envisager de supprimer des postes pour la rentrée prochaine dans les établissements scolaires ? Cette politique n’est plus acceptable pour personne. Comme pour les autres secteurs l’éducation, de la maternelle au supérieur, a besoin d’un plan d’urgence pour faire face à son désinvestissement chronique et à sa dégradation amplifiée par à la crise sanitaire. Nous dénonçons la volonté de soumettre les dotations des établissements de l’éducation prioritaire à une contractualisation qui va à rebours de la pérennisation des moyens et du nécessaire renforcement de ce dispositif alors que la crise sociale explose, et nous relayons l’appel à la grève dans l’académie d’Aix-Marseille émanant du SNES-FSU et du SNEP-FSU pour le mardi 1er décembre.

 

Le Ministre de l’Éducation Nationale a annoncé des mesures sur la rémunération des enseignants pour 2021.

La FSU regrette en premier lieu que l’ensemble des personnels ne soit pas concerné. Elle alerte en particulier sur l’urgence d’une revalorisation des AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) et de l’ensemble des personnels titulaires et contractuels qui concourent au service public d’éducation, quelles que soient les missions assurées. Il est urgent de répondre aux alertes sociales que constituent les grèves des AED, laissés sans perspective à l’issue des 6 ans, qui seront encore en grève le mardi 1er décembre.

La FSU considère que la Fonction publique devrait être le cadre pertinent des discussions salariales, en particulier sur la valeur du point d’indice et sur les mesures de carrière nécessaires. Pour la FSU, la revalorisation des rémunérations doit d’abord se faire par l’indiciaire et les indemnités se limiter à l’exercice de sujétions particulières. Avec ses annonces, le ministère s’inscrit dans une toute autre logique, privilégiant la revalorisation sous forme de primes à la pérennité non assurée et limitée à certains personnels.

Une prime d’équipement de 150 euros nets annuels est créée. La FSU demande que son montant soit bien  plus significatif, elle acte positivement son versement indépendamment de l’avancée dans la carrière et aux psychologues de l’Éducation Nationale, mais dénonce l’exclusion de son bénéfice de nombreux personnels, à commencer par les CPE ou encore les professeurs documentalistes. Parallèlement aux états généraux du numérique lancés par le ministère, la FSU a lancé une enquête auprès de 4 000 personnels de l’éducation nationale. Les premières conclusions sont sans surprise : manque d’équipement, qualité médiocre des outils institutionnels et impact important mais négatif sur la vie privée des agents.

Le ministre a aussi annoncé l’octroi d’une prime dite « d’attractivité », d’une centaine d’euros au tout début de la carrière et dégressive jusqu’à une trentaine d’euros aux personnels d’enseignement, d’éducation, d’orientation et de psychologie ayant 15 ans de carrière. Pour les contractuels en début de carrière, la prime serait de 54 euros mensuels. Les stagiaires seraient exclus du bénéfice de cette prime alors qu’ils en ont le plus besoin. Si des mesures d’urgence ciblées sur le début de la carrière sont nécessaires, pour la FSU elles devraient être d’une toute autre ampleur : n’être qu’un des éléments de la réponse aux enjeux d’attractivité des professions de l’enseignement et ne constituer qu’une première étape vers une revalorisation de l’ensemble de la profession…. La FSU demande également des mesures immédiates et de plus long terme pour tous les collègues.

La FSU a ainsi dénoncé l’absence de certitude sur une loi de programmation qui donnerait pourtant de la visibilité et des garanties sur la pérennité et l’amplification des mesures prises en 2021 afin de répondre au déclassement salarial.

Enfin, la FSU demande que le processus de revalorisation intègre la question de l’égalité professionnelle femmes hommes. Les mesures contenues dans l’accord égalité peinent à se mettre en place, les inégalités de carrière et de salaire continuent d’exister ; il faut mettre en œuvre des leviers plus puissants pour les supprimer, c’est loin d’être le cas actuellement.

À ce jour, non seulement la loi de programmation n’est pas actée, mais en plus la question de contreparties exigées en échange d’éventuelles revalorisations à partir de 2022 plane toujours sur les discussions. Les objectifs du « Grenelle de l’éducation », organisé en ateliers thématiques sur toutes les dimensions des métiers, n’ont toujours pas été clarifiés. À l’inverse d’une revalorisation liée à des missions supplémentaires, la FSU exige une revalorisation de l’ensemble des personnels de la Fonction publique, des créations de postes à la hauteur des besoins de la société et de la nécessaire transition écologique, et un allègement de la charge de travail. Mais une question se pose aujourd’hui : le ministre de l’éducation nationale est-il encore crédible après les propos inadmissibles tenus hier en direction du premier syndicat du second degré. En assimilant les soutiens du Snes-Fsu (première organisation du second degré en nombre d’adhérents et première aux dernières élections professionnelles) à l’ultra-gauche et à l’extrême gauche, il montre sa méconnaissance du fonctionnement d’une organisation syndicale et sa volonté de ne pas s’embarrasser de toute rigueur de raisonnement. Nous exigeons des excuses publiques et des réponses aux questions posées depuis la semaine dernière concernant un usage délibéré de fonds publics pour développer un outil ( Avenir lycéen ) au service de sa politique.

 

 

Alors que vous allez aujourd’hui nous présenter le service régional en charge de la mise en œuvre des politiques de recherche et d’innovation, vous nous permettrez messieurs les recteurs de rappeler notre opposition à la Loi de Programmation de la Recherche. Il ne s’agit pas en fait d’une simple programmation budgétaire mais d’un bouleversement fondamental du système public d’enseignement supérieur et de recherche français. Cette loi va accroitre les inégalités entre établissements, entre les personnels et aussi entre les usagers. Cette loi va également institutionnaliser la précarisation du personnel de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et remettre en cause les statuts qui sont pourtant le seul gage d’une recherche libre et indépendante. La Fsu continue d’exiger le retrait de cette loi et revendique des postes statutaires et des moyens financiers pérennes permettant de construire un grand service public de l’enseignement supérieur et de la recherche au service de toutes et tous.

 

Pour conclure, nous souhaitons qu’un véritable dialogue social se mette en place sur les dossiers dits régionaux. Le dialogue social ne peut pas se résumer à des informations sur la composition et les missions des services régionaux. Nous voulons des échanges sur les prises de position politique de ces différents services et que les personnels que nous représentons puissent faire entendre leurs voix. Pour le moment ce n’est pas le cas que ce soit dans le cadre de l’information et de l’orientation, dans celui de la formation continue des adultes, de la future carte des CPGE qui a déjà été transmise au ministère sans aucun échange en amont. Nous ne voulons pas que les mauvaises pratiques du ministre inspire un « nouveau » dialogue dans notre région et nous restons plutôt attachés à ce que nous avons jusqu’à présent connu dans nos deux académies.