Éducation Nationale : déconcentration nationale, concentration régionale
Le 28 juin, le Recteur de Région académique, Bernard Beignier, a réuni les organisations syndicales représentatives afin de leur présenter sa « Propositions d’une feuille de route pour la région académique Provence-Alpes-Côte d’Azur dans le cadre de la réforme territoriale des services déconcentrés de l’Éducation nationale ». Réunion au titre aussi indigeste que le millefeuille auquel ce projet pourrait donner naissance.
Une concentration accrue du pouvoir au Recteur de Région académique
Tout au long de la présentation de son projet, le Recteur s’est voulu rassurant. Nulle fusion en vue, maintien des deux académies sans modifications particulières (sic). Tout cela ne prenant effet qu’avec les décrets attendus pour le mois d’octobre et une nouvelle gouvernance mise en œuvre à compter du 1er janvier 2020.
D’après ses dires, le siège de la Région académique se trouvera à Aix-en-Provence et la chaîne hiérarchique actuelle de chaque académie sera conservée. Les recteurs d’Académie conserveraient leurs prérogatives actuelles sur la RH, la gestion du 1er et second degré, et le fonctionnement des EPLE. Les IA- DASEN, adjoints du Recteur d’académie devraient assurer un pilotage pédagogique renforcé des écoles et EPLE.
Cependant, pour « marcher du même pas », un certain nombre de novations sont tout de même au programme, dont un 3e Recteur délégué à l’enseignement supérieur et de la recherche et d’innovation auprès du Recteur de Région académique, en poste à Aix.
Bernard Beignier confirme qu’il hérite d’une nouvelle mission : « ingénieur conseil », il se doit de veiller à ce que chaque université ait un vrai projet stratégique de développement. Chancelier des Universités de toutes les Universités de la Région, il pourra déléguer cette mission au Recteur d’académie de Nice, pour celles de son académie.
Si l’on y ajoute la création d’un Secrétaire Général de la Région académique, il s’agit bien d’un renforcement important du pouvoir du Recteur de Région au détriment des Recteurs d’académie. Ils auront compétences exclusives notamment sur l’Orientation, le Numérique éducatif et l’Enseignement Supérieur et la Recherche.
Un millefeuille de services, une future organisation peu lisible
La simplification administrative n’est pas à l’ordre du jour dans l’Éducation nationale, sil l’on en croit la création de services régionaux qui seront bi-sites (Aix et Nice) ou mono-sites, à côté de services inter-académiques qui seront bi-sites. Le responsable du service inter-académique sera placé sous l’autorité fonctionnelle du recteur et du SG du siège dudit service…qui pourra se trouver à Aix ou à Nice.
Dans chaque Rectorat, subsisteront, par ailleurs, les services académiques de gestion RH par exemple.
Difficile de s’y retrouver que l’on soit personnel ou usager !
Le tout, nous promet-on, sans mobilité géographique et fonctionnelle imposées.
Le sens de tout cela ? Le Recteur de la Région académique l’a confirmé : préparer une nouvelle vague, majeure, de déconcentration du ministère de l’Éducation Nationale qui risque, à terme, de ne plus avoir de national que le nom…