Déclaration liminaire FSU – CTA d’Aix-Marseille du 28 septembre 2018
Le Macronisme n’est pas un pragmatisme.
S’il était pragmatique, le gouvernement ne supprimerait pas des milliers de postes
S’il était pragmatique, le gouvernement ne supprimerait pas 1 300 emplois en 2018, 2 650 emplois en 2019 dans le second degré alors que nous sommes dans une phase d’augmentation démographique. La hausse des crédits, sur laquelle communique notre Ministre, ne couvre même pas le GVT (Glissement vieillesse technicité) ! On annonce 100 000 collégiens de plus en trois ans, on annonce 32 000 élèves de plus à la rentrée 2019 après les 26 000 de plus à cette rentrée 2018. Monsieur le Recteur, l’enquête que vous avez commanditée avec le Conseil Départemental à l’INSEE estime à 5 000 l’augmentation du nombre de collégiens en 2025…
Quelle politique à courte vue celle qui consiste à supprimer des postes ! Quelle politique à courte vue celle qui consiste à ne pas renforcer nos vies scolaires ! Quelles politiques à courte vue celles qui consistent à ne pas programmer la construction de nouveaux collèges et de nouveaux lycées ! Faudra-t-il comme à Marseille s’en remettre dans l’urgence à des Partenariats Public-Privé au coût exorbitant pour la collectivité, pour pallier demain l’imprévoyance de nos élites actuelles, qu’elles soient nationales ou locales ?
Certes, un effort bienvenu est réalisé dans le premier degré avec le dédoublement des classe de CP et de CE1 en REP et REP + mais cela s’est fait sans moyens dédiés générant des hausses d’effectifs dans les autres niveaux et des absences d’ouvertures de classes, bien que légitimes.De plus, Aix Marseille se distingue encore puisque de « CP à 12 » comme dans les autres académies, nous sommes passés de CP à 15, 16 voire 17, faute de postes.Cependant, Nous nous félicitons de voir à cette occasion le Ministère valider nos analyses sur le rôle des effectifs par classe dans les processus d’apprentissage et dans la réussite des élèves.
Nous n’oublions cependant pas qu’un tiers des élèves en difficulté scolaire se trouvent en dehors de l’éducation prioritaire. Aussi, s’il était pragmatique, si sa politique était guidée par la rigueur scientifique, ce gouvernement ne laisserait pas filer les effectifs par classe, partout ailleurs, dans le premier degré, dans les collèges.
S’il était pragmatique, ce gouvernement ne ferait pas comme s’il ne pouvait y avoir que 10 % de collègues excellents
Nous pouvons rendre hommage aux personnels, aux enseignants, qui sont fortement impliqués, dévoués, compétents, comme le montrent les résultats des rendez-vous de carrière que vous avez bien voulu nous communiquer, Monsieur le recteur, et nous vous remercions de cet effort de transparence. Les personnels de direction, les inspecteurs constatent que le travail est bien fait, dans l’immense majorité des cas. Qui pouvait en douter? S’il était pragmatique, ce gouvernement ne ferait pas comme s’il ne pouvait y avoir que 10 % de collègues excellents dans nos établissements et nos collèges. Cet élitisme n’est rien d’autre que de l’idéologie. Il produit chez nos collègues de l’écœurement, du découragement, de la colère. Il faut augmenter les quotas !
De même Monsieur le Recteur, nous souhaitons attirer votre attention sur les directrices et directeurs d’école dont le mal être est grand alors qu’ils ne demandent qu’à pouvoir bien faire leur travail et pour cela ne pas être détourné de leurs missions par les multiples tâches qu’effectuaient auparavant leurs « secrétaires ». Nous vous demandons d’alléger la demande administrative, dans l’attente ils allègeront eux-mêmes…
Une génération sacrifiée !
Monsieur le Recteur, les annonces ministérielles ont choqué : comment redéployer des moyens du second degré vers le premier degré alors qu’aujourd’hui nos adolescents rencontrent de telles difficultés scolaires, sociales, personnelles, familiales… nous avons eu souvent l’occasion d’en parler ici. Les familles ne tarderont pas à comprendre que l’amélioration des conditions d’étude des petits frères est financée par une détérioration des conditions d’étude des grandes sœurs ! Il ne peut pas y avoir de génération sacrifiée !
S’il était pragmatique, ce gouvernement prendrait à bras le corps les problèmes de nos adolescents, les problèmes de nos jeunes, laissés orphelins à 16 h par la suppression de l’accompagnement éducatif ! S’il était pragmatique, ce gouvernement ne ferait pas comme si les problèmes sociaux et scolaires qui justifient le classement en REP et REP + de tant de nos collèges n’existaient plus quand nos élèves arrivent en seconde !
S’il était pragmatique, ce gouvernement ne forcerait pas nos jeunes à être adultes avant que d’avoir été instruits
S’il était pragmatique, ce gouvernement ne forcerait pas nos jeunes à être adultes avant que d’avoir été instruits, en les obligeant à choisir dès leurs 16 ans les enseignements de lycée, alors même que les attendus de Parcoursup rendent ces choix déterminants pour des décisions d’affectation qui ne seront rendues que trois ans plus tard. Avancer l’heure des choix, rendre l’évaluation permanente, c’est tourner le dos à l’école de la bienveillance …Pas de bienveillance non plus, pour les élèves comme pour les enseignants, lorsqu’on force une inclusion sans y dédier les moyens nécessaires.
Parcoursup est ainsi une procédure particulièrement stressante pour les élèves et les familles, mais aussi pour les personnels. Si le gouvernement a réussi à faire accroire que toutes les formations du supérieur sont maintenant sélectives, il a perdu la bataille de l’opinion sur l’efficacité du dispositif. Nous demandons un ordonnancement des vœux et un abandon de la fiche avenir au profit du livret scolaire.
A l’occasion des réunions parents-professeurs de rentrée, les professeurs principaux de troisième et de seconde sont en ce moment démunis pour répondre aux questions des familles sur l’orientation en lycée du fait des inconnues qui subsistent autour de la réforme des lycées qui s’appliquera en 2019 en classe de seconde et de première. Comment choisir les options, les enseignements de spécialité, où seront-ils offerts, combien de places seront offertes, quels seront les programmes ?
Monsieur le Recteur, le bon fonctionnement de l’Institution dont vous avez la charge suppose, quoi qu’en disent les politiques, que, sur proposition des établissements, vous arrêtiez en décembre une carte des formations, que vous fixiez en janvier des capacités d’accueil indicatives pour chacun des enseignements et que vous annonciez quels sont les combinaisons d’enseignements qui seront proposées aux élèves au conseil de classe du deuxième trimestre. Nos lycées ne peuvent s’en remettre au libre choix, à la carte, des familles.
Comme Parcoursup a désorganisé les établissements du supérieur, la réforme du lycée risque de désorganiser nos établissements scolaires, avec des conséquences graves sur la gestion des postes et des moyens, l’offre de formation.
Les suppressions de poste, les baisses des taux d’encadrement, la hausse du temps de travail ne s’arrêteront pas aux frontières de notre académie !
Réduction des horaires en seconde, suppressions des EDE (enseignements d’exploration), économies d’échelles avec la disparition du groupe classe, mise en concurrence des enseignements, réduction de l’offre de formation en enseignements obligatoires et en options, tarissement des flux d’orientations vers la voie technologique… La réforme du lycée est pensée pour supprimer des postes et réduire le coût des lycéens français. C’est en fait une approche strictement comptable qui insulte l’avenir!
Nous savons Monsieur le Recteur que vos services feront tout leur possible pour limiter les effets négatifs de cette réforme, et vous pouvez compter sur nous pour nous impliquer dans les instances pour peser pour le maintien des enseignements et des postes!
Mais nous ne sommes pas dupes : les suppressions de poste, les baisses des taux d’encadrement, la hausse du temps de travail avec les HS imposées, ne s’arrêteront pas aux frontières de notre académie !
Nous ne sommes pas dupes ! Les 400 suppressions de postes administratifs ne s’arrêteront pas aux frontières de notre Région !
Il en va de même avec la fusion des académies. Vous connaissez, Monsieur le Recteur, l’implication de la FSU pour la défense des emplois, le refus de la mobilité géographique et fonctionnelle forcée, le maintien des sites rectoraux et des DSDEN, la spécialisation des postes de travail sur un nombre réduit de tâches répétitives. Nous savons que vos services feront tout leur possible pour limiter les effets néfastes de cette fusion dont les personnels ne sont as demandeurs. Mais nous ne sommes pas dupes ! Les 400 suppressions de postes administratifs ne s’arrêteront pas aux frontières de notre Région !
C’est pour ces raisons que la FSU, avec l’UNSA, le SGEN CFDT, et sans doute d’autres, sont déterminés à appeler les personnels à se mobiliser le lundi 12 novembre 2018 par la grève pour imposer d’autres choix.