Edito de Josiane Dragoni
Pendant la trêve estivale, la crise s’est aggravée et les perspectives de croissance sont revues à la baisse. Comment en serait-il autrement alors que les politiques d’austérité tuent toute possibilité de sortie de crise ? Les marchés, qui ne sont jamais à une contradiction près puisque leurs raisonnement ne dépasse pas le très court terme de leurs profits immédiats, s’inquiètent maintenant de l’atonie économique qui en résulte : ils ont pourtant exigé la baisse des dépenses publiques, l’autre nom de l’austérité. On connaît bien leurs objectifs de « réformes » : moins de retraites, moins de protection sociale, moins de services publics, moins de fonctionnaires, et toujours plus de dérégulation. On n’oubliera pas la baisse des salaires de la fonction publique, effective en France depuis des années : de 2000 à juin 2012, le point d’indice a chuté de 13%, avec une aggravation plus rapide depuis juillet 2010, puisque les salaires ont été bloqués.
C’est aussi la baisse du pouvoir d’achat pour le privé, quand le nombre de chômeurs explose, et que les formes d’emploi atypiques remplacent le CDI… D’ailleurs, comment obtenir une hausse des salaires quand le chômage met les salariés en concurrence, et que l’Etat montre l’exemple ?
La rigueur s’applique aux salariés, pendant que les puissants continuent d’ exercer à tous les niveaux leur incessant lobbying afin de préserver leurs intérêts. Les banquiers offusqués du doublement du plafond du livret A, PSA ou le bras de fer entre Unilever et les salariés de Fralib à Gemenos en sont les vedettes de l’été.
Non contents d’avoir par leur politique provoqué le désastre économique actuel, ils entendent profiter de la crise pour imposer des « réformes » encore plus radicales sous la bannière de la réduction drastique des dépenses publiques et la remise en cause des droits des salariés, qu’il s’agisse du code du travail ou du statut de la fonction publique.
Le syndicalisme porte une lourde responsabilité : celle de desserrer l’étau néolibéral qui pulvérise la société, étouffe la démocratie, précipite l’Europe dans le gouffre. En nous emparant de toutes les questions qui impactent l’avenir du salariat, en construisant avec les salariés, dans le débat et les mobilisations, les réponses progressistes indispensables, nous pourrons ouvrir la voie à un autre avenir. S’atteler à cette tâche est urgent : ce travail de fond et de mobilisations doit être conduit dans l’unité syndicale la plus large à tous les niveaux, régional et départemental, national et européen. Le changement de politique, nécessaire et possible, pourra advenir si le peuple conserve sa souveraineté budgétaire, si une véritable démocratie sociale irrigue notre démocratie, si le mouvement social oriente le concert européen dans un sens radicalement différent.
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